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Note d’analyse de la circulaire de déconfinement pour les hébergements dans le domaine du handicap

ASBL Aidants Proches – 27/05/20.

Face au confinement, le secteur du handicap fait-il ce qu’il peut ?

Face au déconfinement, le secteur du handicap fait-il… ce qu’il veut ?

Contexte :

Lors du confinement, les autorités publiques wallonnes ont confondu deux populations, certes plus fragiles, mais avec des réalités bien différentes : les personnes âgées et les personnes porteuses de handicap.

Sans préjuger du bien-fondé des décisions portant sur le secteur des personnes âgées, force est de constater que :

  • Le « handicap » n’est pas le synonyme automatique de « maladie » ou de  « fragilité de santé » ;Un extrait de la circulaire wallonne sur les Consignes relatives aux visites encadrées dans les établissements d’hébergement pour personnes en situation de handicap agréés par l’AVIQ, stipule que : « la plupart des personnes en situation de handicap ne font pas spécifiquement partie selon Sciensano des personnes considérées comme à risque... » ;
  • Il y a une différence fondamentale entre les établissements d’hébergement. En maison de repos, les visites, la fréquentation des proches se font la plupart du temps « in situ». Dans le domaine du handicap, les contacts se font lors de « retours en famille ».

Cependant, dans les faits, nous n’avons pas constaté de mesures différenciées entre ces deux populations. En revanche, il y a eu une différence flagrante de traitement en termes de communication des autorités publiques et des médias. Signalons également une constante dans les procédures de déconfinement : testing et circulaires concernant le secteur handicap plus tardifs et peu relayés au grand public, si ce n’est par les associations de terrain.

Contenu de la circulaire du 26 mai concernant le déconfinement des structures d’hébergement des personnes porteuses de handicap :

Si l’on peut se réjouir d’obtenir enfin une clarification des lignes directrices de déconfinement à l’intention des institutions, certains aspects semblent peu praticables et peu concertés avec les familles et les aidants proches.

Exemples :

  • L’imposition des fréquentations en silos séparés pour les bénéficiaires des centres de jour et ceux des centres résidentiels implique un dédoublement non seulement des locaux mais également du personnel. Les centres d’hébergements pourront-ils y faire face ? Est-ce à dire qu’il faudra « sacrifier », au besoin, une catégorie par rapport à l’autre ?
  • Quelles sont les dispositions prises en termes de déplacement des bénéficiaires vers les centres de jour, sachant que cette réalité était déjà très problématique avant même le confinement ? Cela va-t-il désormais (encore davantage) reposer sur les proches ?
  • Les réadmissions en hébergement sont soumises à des test PCR… Comment ? Chez qui ? Combien ? En bref, quelle est la procédure recommandée aux proches pour ces tests ?
  • Les réadmissions et retours en famille sont soumis en priorité aux décisions des directions et des partenaires sociaux, en concertation (bien sûr) avec les conseils des usagers et des proches… Mais dans ces conditions, nul doute que le déconfinement sera à géométrie variable en fonction des institutions « plus frileuses » que d’autres (notamment par manque de moyens). Ce sera assurément une source d’inégalité, d’injustice et de frustration ;
  • Les retours en famille sont vivement déconseillés pour les durées d’un week-end. Il est recommandé un minimum de sept jours. Avec 14 jours entre chaque période de retour. Comment vont pouvoir faire les proches qui travaillent ? Prendre une semaine de congé toutes les trois semaines ? Sacrifier le travail d’un parent au profit de l’autre ? Quid des familles monoparentales et des parents âgés qui n’ont plus la force de reprendre leurs proches aussi longtemps ?

Contenu de la circulaire du 08 mai concernant les procédures de visites en structures d’hébergement des personnes porteuses de handicap

Premier non-sens : les procédures de visite « in situ » mentionnées dans cette circulaire, ne sont pas les habitudes du secteur. Deuxième non-sens : ces visites ne peuvent se tenir qu’en fonction du bon vouloir des directions d’établissement. Elles ne peuvent « (…) ni engendrer une désorganisation du secteur, ni un détournement des ressources humaines (desdites institutions) … ». Que faut-il y voir, sinon une nouvelle et flagrante inégalité entre les « mieux » et les « peu » nantis, en termes de locaux, de moyens et de personnel ?

Les dispositions en matière d’hygiène sont stupéfiantes et relèvent d’un quasi-hygiénisme :

  • Port de masques, gants, lunettes ou visière, tablier (pour les visiteurs) ;
  • Pas de bijoux ni de montre ;
  • Désinfection des locaux et des colis ;
  • Aucun contact physique, plexiglas entre les proches et le bénéficiaire…

Irrésistiblement, ces conditions de visite font penser à un mélange, à mi-chemin entre une visite en établissement pénitentiaire et les conditions d’une salle d’opération en hôpital. Cela ne va bien sûr pas arranger l’angoisse que subissent les bénéficiaires et leurs proches. Comment prend-on en compte leur santé mentale, leurs spécificités ?

Conclusion :

Demandons-nous si ces mesures – largement orientées « santé » – sont applicables en l’état pour les structures professionnelles, pour les familles et les aidants proches. L’objectif de santé doit prévaloir, c’est un fait. Mais rappelons aussi que l’OMS la définit bien plus largement que la seule absence de la maladie. La santé, c’est avant tout un état de complet bien-être.

Dès lors, après avoir permis aux citoyens :

  • D’accéder aux pépinières et aux magasins de bricolage pour s’occuper ;
  • De recevoir chez eux des amis pour retrouver un minimum de vie sociale ;
  • De retrouver leur bureau et leur travail pour améliorer leur pouvoir d’achat ;
  • D’envoyer leurs enfants à l’école pour préserver la santé mentale de tous, enfants et parents ;

Demandons-nous si les personnes porteuses de handicap (dé)confinée à très -trop- petits pas sont vraiment…. des citoyens ?

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