
On a lu pour vous …
Aidants, ces invisibles – Dr. Hélène Rossignot
Editions de l’Observatoire – ISBN 979-10-329-0642-2
Ce livre sur les aidants-proches connaît un beau succès outre-Quiévrain. Sorti quelques semaines avant la loi française sur la reconnaissance des aidants-proches (cf. texte de loi), il a été écrit par une médecin, spécialiste de santé publique. Prolongement de sa thèse sur les « aidants-proches », son « plus » est que l’auteure elle-même confie, dans son livre, avoir été aidée par sa mère, durant sa maladie. Son contenu est dense, car H. Rossinot envisage la thématique à plusieurs niveaux : depuis les recensions mondiales du nombre d’aidants-proches jusqu’à leurs vécus à domicile ou en hôpital, en passant par les « jeunes aidants-proches », son regard balaie un vaste panorama de l’aidance.
Nous avons été particulièrement sensibles à son plaidoyer pour la « reconnaissance » des aidants-proches : H. Rossinot exprime en effet qu’une reconnaissance légale, largement ouverte à tous les aidants-proches, est une avancée mais qu’elle ne suffit pas… La reconnaissance des aidants-proches passe aussi par le fait que la société elle-même doit ouvrir les yeux, et accorder une valeur positive à l’engagement manifesté par les aidants-proches. Pour autant, résumer un individu à son « statut » d’aidant-proche, c’est le restreindre à une étiquette, sans percevoir ses besoins, ses attentes… Le risque est alors grand, d’une incompréhension réciproque entre aidants-proches et professionnels, chacun attendant de l’autre des rôles et des attitudes calqués sur « ce qui devrait être »… On projette des attentes, et/ou on mésestime les limites réciproques… Et c’est tout le mécanisme délicat de l’articulation entre soignants et aidants, qui s’enraie. H. Rossinot invite alors les professionnels à questionner les systèmes de soins. Elle renvoie aussi à la responsabilité des encadrants et des directions d’établissements et d’équipes. S’il est des choses que l’on ne peut éviter à l’aidant-proche (la peur, le poids du quotidien, la peine…), il en est d’autres qui, selon elle, auront clairement un impact dans les années à venir. La place de l’aidant-proche dans la prise en charge, son accompagnement face à la grande vulnérabilité de son proche, les questions douloureuses de fin de vie… devraient faire partie intégrante des formations des professionnels. « Reconnaître, écouter, orienter » devrait être un triptyque incontournable chez les professionnels… Le tout associé à une délicatesse de dentellière, parce que chaque situation rencontrée est, par essence, unique. Et que parce que « chaque décision a des conséquences et entraîne, de la part de celui qui les prend, des responsabilités » (p. 89).

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